Pour la 4ème année, le Théâtre de Chartres a ouvert ses portes pour les Journées Européennes du Patrimoine.
Théâtre de Chartres |
Lors de cette visite libre, nous avons pu découvrir la salle du théâtre à l’italienne, la machinerie manuelle et les « orgues » du son et de la lumière, et le foyer. Nous avons surtout apprécié la gentillesse des techniciens avides de nous faire partager leur métier et le lieu. Grâce à eux nous en connaissons beaucoup plus sur la terminologie du Théâtre notamment du Théâtre à l’Italienne …. Merci à eux !!!
Son Histoire
Jusqu’en 1857, la ville de Chartres ne possédait pas de véritable salle de spectacle. Ceux-ci se déroulaient dans l’enceinte de l’Eglise désaffectée de Sainte Foy (que nous découvrirons dans un autre article) depuis 1797.
Dans l’esprit de Alfred Pierbourg, architecte de la ville, le nouvel édifice devait être à la fois solide avec notamment des précautions face aux incendies, avoir un aspect monumental sans luxe inutile, une salle élégante et commode pouvant accueillir jusqu’à 700 personnes, se prêtant aux exigences du théâtre mais aussi être utilisable comme salle pour des réunions publiques, des concerts …..
Les travaux liés aux décors (tapisseries, luminaires, décors peints …) sont confiés à Antoine Victor Barbereau, dit Saint Léon, artiste-peintre et décorateur.
Le Théâtre de Chartres est inauguré le 28 avril 1861.
Il est inscrit depuis 1984 au titre des monuments historiques (sauf le foyer).
Sa capacité actuelle est de 540 places (et 100 au niveau du foyer), capacité augmentée prochainement à 570 places avec l’aménagement de la fosse d’orchestre.
Salle à l’Italienne du Théâtre de Chartres 1ère galerie et ses loges – 2ème galerie – poulailler et ses cariatides |
La Salle à l’Italienne
« A l’Italienne » parce que les premiers théâtres de ce type ont été construits en Italie.
Un théâtre à l’Italienne repose sur plusieurs principes d’architecture que l’on retrouve bien dans le Théâtre de Chartres :
- une salle en forme de fer à cheval, délimitant la largeur de la scène, espace clos et couvert
La salle est divisée en deux côtés « cour » et « jardin » ou côté pair et impair – plus facile pour s’orienter que droite/gauche – suivant que l’on est dans la salle ou sur scène, la droite n’est pas la même par exemple – Cette terminologie serait apparue avec le Théâtre des Tuileries, où se trouvaient d’un côté le Jardin des Tuileries, de l’autre la Cour du Palais. - un plancher de scène surélevé par rapport à la salle et en légère pente qui permet de conserver un effet de perspective. A Chartres, cette pente est de 3,35% (une fois sur la scène, on sent bien cette pente …)
- une salle structurée en plusieurs étages ou balcons : le parterre (à l’origine au niveau du sol, pour les premiers théâtres avec un sol en terre ) puis la 1ère galerie avec ses loges (très exiguës …) la 2de galerie (à l’origine compartimentée aussi) et le « poulailler » la galerie supérieure la plus éloignée de la scène pour les gens les plus pauvres (la « basse-cour » en opposition à la Cour du Roi …. )
Chaque niveau de balcon comporte un décor en bois doré et de chaque côté il y a des loges d’avant-scène.
la 1ere Galerie et les Loges d’avant-scène |
- un plafond en coupole avec lustre. Le plafond du Théâtre présente un décor peint.
Coupole et Lustre du Théâtre de Chartres (vus depuis le parterre) |
Coupole du Théâtre de Chartres vue depuis la 2eme galerie |
Détail du décor peint de la Coupole |
Cariatide et Décor d’une des Loges d’avant-scène |
La salle et ses décors peints, et la voûte, ont été récemment restaurés. Le poulailler présente des travées rythmées par des cariatides en bois doré.
- derrière le rideau une machinerie complexe et une cage de scène invisible au public recevant les espaces techniques, permettant de faire des apparitions et de faire coulisser les décors.
Séparation entre la salle et la scène par le rideau cachant le Cadre de Scène |
La Machinerie
Dans les coulisses, la machinerie d’origine a été conservée. Son fonctionnement nous en a été expliqué par la personne qui en avait encore la charge (jusqu’à son automatisation complète un jour ou l’autre 🙁 … )
Beaucoup de détails fournis … pas facile à suivre pour le néophyte mais très intéressant … Le théâtre ne conserve pas de décors, chaque spectacle apportant les siens .
Actuellement, deux personnes seulement sont nécessaire « à la manœuvre ».. alors que dans le temps ils étaient entre 6 et 12.
Dans les Cintres au-dessus de la scène travaillaient les cintriers, sur des passerelles, qui faisaient apparaître les décors à l’aide de fils, de perches, etc… On y trouve actuellement des « porteuses« , des perches métalliques permettant de porter des éléments de décors ou des éclairages. A Chartres il y a 29 porteuses d’une longueur moyenne de 13m.
les cintres |
Dans le plateau de la scène, des « costières » – des fentes transversales dans le plancher – permettent la manœuvre et le déplacement des châssis supportant les décors, à partir du dessous de scène qui possède 2 étages.
Dessous de la cage de scène |
Dans les coulisses, des contrepoids contrebalancent le poids des perches et permettent d’aider à leur manœuvre. Ils peuvent peser jusqu’à 15 kilos. On les voit poser au sol. Les guindes ou fils (les cordes … les premiers machinistes venaient de la marine …) permettent par un système de poulies de manœuvrer les perches. On accroche ensuite les cordes comme sur la photo.
Cordes ou Guindes ou Fils et Contrepoids |
Sons et Lumières
- De la LUMIERE ….
Sur la scène nous ont été expliqué les différents types d’éclairage en fonction des effets lumineux souhaités. L’ensemble de ces éclairages est géré par un ingénieur depuis le fond de la salle grâce à un ensemble d’orgues (de plateaux informatiques …). Chaque spectacle arrive avec son « planning » des lumières, et au « top » du technicien qui suit la troupe, on lance l’éclairage préalablement programmé. Dans le cas du Théâtre de Chartres par exemple, l’ingénieur gère 512 circuits de lumière par l’intermédiaire de son orgue.
Quand on pense qu’il ne s’agit que d’un petit théâtre, je n’ose imaginer le nombre de circuits pour les grandes salles de plusieurs milliers de spectateurs …….
- ... au SON
Orgue de l’ingénieur du Son |
Il en va de même pour le son. L’ingénieur du son était présent. Il a ainsi pu nous faire une démonstration des différents réglages qu’il devait apporter en fonction du rendu des voix. Là aussi chaque troupe arrive avec des réglages prédéfinis qu’il faut cependant adapter à l’acoustique de la salle. C’est le rôle de l’ingénieur qui va évaluer ces modifications et les programmer. C’est assez étonnant car malgré toute l’informatique actuelle, le réglage lui se fait « à l’oreille » !!! Lorsqu’il y a un larsen par exemple, l’ingénieur doit être capable de détecter tout de suite la zone d’intervention parmi plusieurs dizaines d’entrée … un travail très délicat qui nécessite de bien connaître la salle ….
L’ « orgue » informatique est impressionnante de technologie. Chaque haut-parleur a sa sortie, et il y a un certain nombre de canaux d’entrée.
un ancien « orgue » |
On a pu comparer avec un ancien orgue exposé dans les étages des galeries … son ou lumière par contre je ne sais pas ….
Foyer du Théâtre de Chartres |
Le foyer
D’une capacité de 100 places, il a été récemment rénové. Il est situé dans les derniers étages du théâtre. Il est utilisé pour des « petits » spectacles souvent musique ou danse … ou jeune public.
Une visite très agréable notamment grâce aux interventions des 2 techniciens passionnés ! et une belle découverte des coulisses techniques d’un spectacle !
Sources :
Fiche technique du Théâtre de Chartres
Document remis à l’occasion des JEP 2015
Wikipedia pour les informations générales sur les théâtres à l’italienne
Le Théâtre de Chartres a sa page Facebook et son site.