L’intérêt de cette petite église de quartier réside principalement dans ses vitraux dont une étrange copie de Notre-Dame de la Belle Verrière.
Mais avant, un peu d’histoire comme toujours. Peu de détails en fait, le site de la paroisse indique que les archives communales ont été détruites pendant les bombardements de la seconde guerre mondiale.
Au Moyen âge on parle de «Lucens», puis «Lucentum». Le nom de Luisant n’apparaît qu’au XVIIIe siècle dans les registres de la paroisse Saint-Laumer.
Une première église semble exister dès le XIIe, sans autre information que les noms de quelques curés cités dans divers documents. Cette église est à priori détruite au début du XVIe, les habitants devant alors se rendrent à l’abbaye de St-Martin-au-Val (actuel St Brice). Les travaux de la nouvelle église « Saint-Lomer » se déroulent de 1536 à 1538 au bord de la seule route existante de l’époque.
Elle est détruite en 1568 par les Huguenots lors de la levée de leur siège de Chartres puis une nouvelle fois par Henri IV en 1589 (ou 1591 ?) encore une fois suite à un siège de Chartres.
L’église actuelle, assez austère et sans décor extérieur, date donc en majeure partie du XVIe siècle. Une nef sans doute ajoutée ultérieurement prolonge un chœur légèrement plus étroit qui pouvait correspondre à l’édifice précédent. En effet le clocher se dresse au-dessus de cette partie. Il contient une cloche de 1601 « Louise Gabrielle ». Sa façade conserve des traces d’ouvertures aujourd’hui murées.
L’intérêt de cette église réside d’une part dans ses vitraux, et d’autre part dans sa voûte lambrissée.
LES VITRAUX
Tous les vitraux proviennent des ateliers Lorin de Chartres.
Les trois vitraux du chœur ont été donnés par le colonel Chavaudret dont une rue de Luisant porte le nom et datent des années 1877-1881.
On y voit sainte Agathe (du prénom de l’épouse du colonel) et saint Pierre, et une tentative d’imitation de Notre-Dame de la Belle-Verrière de la cathédrale (les visages semblent bien maladroits).
Ceux de la nef datent de 1929 à 1933, certains dessinés par Gabriel Loire, qui travaillait alors pour les ateliers Lorin.
Ils représentent l’enfance de Jésus et son lien avec les vies de St Joseph et de Marie.
Un dernier vitrail est positionné au-dessus d’une plaque dédiée aux morts de 14-18. Il représente la mort d’un poilu accueilli par la Vierge et St Joseph et porte en épitaphe :
« La Vierge et St Joseph ouvrent le Paradis
au soldat qui là bas est mort pour le pays «
On y voit aussi une femme (une reine ?) en prière aux pieds du soldat, portant un manteau orné de fleurs de lys, représentation peut-être de la France en tant que Nation (?). Une grande partie de la frise entourant le vitrail est composée de croix blanches ornées de la cocarde tricolore … un cimetière, un champ de croix.
LA VOUTE
On trouve à Luisant une voûte entièrement recouverte de bardeaux de bois. Elle a été restaurée en 1997.
Dans le chœur se trouvent encore des décorations de l’ancienne voûte, à motifs que j’appelle de « plumeaux végétaux ».
Sur un rebord, on devine très difficilement 2 visages … ce qui peut laisser imaginer qu’il pouvait y avoir d’autres motifs …
Les entraits sont sculptés de motifs végétaux et de branchages (peut-être des feuilles de chêne et des glands ?) et sur l’un on peut deviner deux animaux se tenant sur leurs pattes arrières gueules ouvertes. L’un d’entre eux porte aussi des marques (signature du menuisier ou date ?).
On a aussi retrouvé un dessin datant de 1749 représentant Saint Laumer qui a été placé à l’entrée de la nef à gauche. Il se trouvait avant la restauration placé au niveau du chœur d’après d’anciennes photos conservées dans le fonds d’archives de la médiathèque.
1749 est-elle la date d’édification de la voûte ou d’une restauration ? On trouve aussi la référence aux peintres : « Leboucq, Albert. A et Matin » et une la date de 1861 en deux endroits, sur des lambris de la voûte à l’entrée, et à la jonction du chœur. Date d’une première restauration des peintures ? Je n’ai réussi pour le moment à trouver aucune information sur ces dates.
L’église possède quelques statues dont une belle Vierge à l’enfant. Personnellement j’ai beaucoup aimé ses bancs aux accoudoirs décorés de végétaux et d’animaux.
A noter aussi quelques beaux motifs du carrelage.
Sur d’anciennes cartes postales, on peut voir que l’église possédait des panneaux de boiseries tout autour du chœur, et un chemin de croix qui ne sont plus visibles de nos jours.
Sur une vieille photo de 1930, l’église apparaît encore entourée de verdure (ref.1), tout comme sur cette vieille carte postale sur laquelle les abords semblent en cours de réaménagement … alors que de nos jours Luisant est devenue une banlieue fortement urbanisée.
Actuellement, l’église est au centre d’un projet de remise en valeur du centre de la ville qui devrait permettre de dégager un peu sa façade. Des fouilles ont donc été faites qui ont établi la présence d’un ancien cimetière autour de l’église.
SOURCES :
- site de la Paroisse la Trinite pour la grande majorité des informations sur l’histoire de l’église, la voûte et ses vitraux.
- Perche-Gouet pour les vieilles cartes postales
- Geocatching dont les informations sont extraites du livre « Histoire de Luisant et de Saint-Laumer » de Bernard Barillon.
- Les Monuments aux Morts pour le vitrail commémoratif 14-18
- ville de Luisant – pour le projet à venir et les rares informations historiques (provenant d’un ouvrage de M.Poirier, ancien maire de la ville, « Luisant au Fil du Temps » )
- (ref.1) – Médiathèque de Chartres – Patrimoine Fonds iconographique – Fonds numérisé – série numérisée CA 1930 – Luisant : l’Eglise – Photographie de Georges Houdard (qui a également fait une belle série sur les lavoirs de Luisant à cette époque)